La nuit du 15 juillet 2016, la Turquie a vécu un événement qui a profondément marqué son histoire politique récente : une tentative de coup d’État orchestrée par une faction au sein de l’armée turque. Cet épisode tumultueux a révélé les tensions profondes qui traversaient le pays et a contribué à consolider le pouvoir du président Recep Tayyip Erdoğan.
Pour comprendre les causes profondes de cette tentative de coup d’État, il faut remonter aux années précédentes. Le parti Justice et Développement (AKP) d’Erdoğan était arrivé au pouvoir en 2002, promeuvanr un discours islamo-conservateur qui avait séduit une large partie de la population turque. Cependant, cette montée en puissance a suscité des inquiétudes chez certaines factions de l’armée, gardienne traditionnelle de la laïcité en Turquie.
Ces tensions ont été exacerbées par les purges menées au sein de l’armée après la tentative de coup d’État ratée en 2016. Des milliers d’officiers soupçonnés de liens avec le mouvement Gülen, un groupe religieux dirigé par Fethullah Gülen, ont été arrêtés ou licenciés. Cette purge a considérablement affaibli l’armée turque et a concentré encore plus de pouvoir entre les mains d’Erdoğan.
Le soir du 15 juillet 2016, des soldats fidèles aux putschistes ont pris le contrôle de plusieurs ponts importants à Istanbul, de la télévision publique et du parlement. Ils ont tenté de mobiliser la population contre Erdoğan, affirmant que son gouvernement était devenu autoritaire. Cependant, la tentative de coup d’État a été rapidement condamnée par une grande partie de la population turque, qui est descendue dans la rue pour défendre le gouvernement.
Des manifestations spontanées ont éclaté dans tout le pays, tandis que des groupes de citoyens courageux se sont opposés aux putschistes armés. L’épisode a également révélé la puissance des réseaux sociaux : les messages appelant à résister au coup d’État se sont propagés comme une traînée de poudre sur Twitter et Facebook.
Face à cette résistance populaire massive, le coup d’État a échoué dans la nuit même. Les putschistes ont été arrêtés ou tués, et Erdoğan est revenu au pouvoir après avoir fui Ankara pendant quelques heures.
L’impact du coup d’État manqué sur la Turquie a été considérable :
-
Consolidation du Pouvoir d’Erdoğan: L’événement a permis à Erdoğan de justifier une répression sans précédent contre ses opposants. Des milliers de personnes ont été arrêtées, accusées de liens avec le mouvement Gülen ou d’autres groupes d’opposition. La liberté de la presse et l’État de droit ont été gravement remis en question.
-
Polarisation de la Société Turque: Le coup d’État a creusé le fossé entre les supporters d’Erdoğan et ses opposants. Les discours nationalistes et religieux ont gagné en importance, tandis que les voix modérées ont souvent été étouffées.
-
Isolement International: La répression politique menée par Erdoğan après le coup d’État a entraîné une condamnation de la part de plusieurs pays occidentaux.
En résumé, le coup d’État manqué de 2016 en Turquie a été un événement décisif qui a transformé profondément le paysage politique du pays. Il a permis à Erdoğan de consolider son pouvoir et de réduire drastiquement les libertés individuelles en Turquie. Cet épisode complexe et tumultueux continue de poser des questions importantes sur l’avenir de la démocratie en Turquie.